jeudi 6 décembre 2007

Socrate le Retour

Oui, Socrate est de retour, vous ne le saviez pas, je vous l’annonce ; je l’ai vu, samedi soir 1er décembre, en chair et en os au Forum de Nivillac(56), à l'occasion de la nouvelle création de la Compagnie Zarina Khan dont j'ai déjà parlée sur ce blog.

On y refaisait ,en l’actualisant, le procès de Socrate qui s’était déjà tenu une première fois en l’an moins 399.

Voyage dans le temps assuré, on s’y serait cru... à Athènes,
sauf la saison qui n’y était pas : le premier procès s’était
tenu à l’approche du printemps, le second là en 2007 à
l’approche de l’hiver.

Mais à part ça, tout y était : les juges, la foule bien décidée à
en découdre avec « cet homme dangereux, menteur, pervers
qui ne reconnaît même pas les dieux de l’Etat et qui durant
de nombreuses années a corrompu la jeunesse ".

Face à ses accusateurs, Socrate, lui, n’avait pas changé :
toujours aussi digne, majestueux dans une simplicité
désarmante, la parole toujours aussi facile, claire, limpide
lumineuse, percutante… démontant un à un les arguments
pourtant bien pesés de l’accusation.

Oui, à coup sûr, c’était bien lui, hier soir au Forum de Nivillac,
divinement incarné par Zarina Khan, à la fois auteur, metteur
en scène et actrice, réussissant par sa voie chaude, pondérée,
bien articulée à redonner vie à un Socrate plus vrai que nature.

Je vous le dis, si nous n’avions pas été assis dans de
confortables fauteuils, on se serait cru à Athènes « en cet an
de grâce » 399 avant notre ère.

Et puis ces accusateurs : Lycon, magnifiquement incarné par
un acteur au nom prédestiné : Julien le Tyrant et à ses cotés
Anytos, Mélétos, Eupolis… tous plus vrais les uns que les autres.

Et puis cette foule, enfants, adultes, acteurs de la cité,
habilement disséminée au milieu du public et reprenant en
choeur les arguments de l’accusation.

On s’y serait cru , je vous le dis encore une fois : tout y était, même le décor, sobre, judicieux, original et la parole donnée
au public au 4ème acte, devenant pour un moment acteur de la pièce de théâtre qu’il était venu voir.

Spectacle magnifique, inoubliable, touchant l’esprit et le
cœur par ses vérités criantes, son humanisme chaleureux, sa
sagesse communicative, et par la dignité, le courage, le
respect et l’amour qui se dégageait de Socrate "ressuscité" se préparant à la mort pour la seconde fois.

Je ne saurais terminer mon petit reportage sans citer
quelques extraits du discours de Socrate ranimé par le
souffle inspiré de Zarina Khan.

"La parole est sacrée, l'art est l'écrin de la conscience."

"Démocratie. Avez-vous oublié le sens de ce mot et le rêve qu'il porte ?
À quoi bon les rêves si vous n'en faites pas réalité ?...
Chacun d'entre vous est porteur de la parole poétique, de la
parole politique, chacun d'entre vous est acteur de sa vie,
auteur, metteur en scène de sa vie, créateur d'une parole
unique qui doit s'ajouter à chaque autre pour faire véritablement Cité. "

"Avant le soin du corps et des richesses, avant tout autre
soin est celui de l’âme qui s’ouvre pour accueillir la danse légère de la sagesse. "

Bien d’autres extraits mériteraient d’être cités tant ils sont
porteurs de constatations douloureuses mais essentielles,
d’avertissements prophétiques... et surtout d’espoir.

Vous les retrouverez dans ce spectacle mérifique qui fait
venir les larmes aux yeux, donne la joie au cœur et réveille en chacun la dignité d’être.

Vous les retrouverez également dans le petit livret du
spectacle qui vient d’être publié et qu’il est maintenant possible de se procurer sur Rennes.
(Envoyez-nous un message si vous ne le trouvez pas)



P.S. : Je fais actuellement toutes les démarches, prend tous les contacts nécessaires pour faire venir Socrate sur Rennes.
Communiquez-nous votre mail si vous désirez en être informé.

1 commentaire:

Christian a dit…

Je partage la réflexion de Gérard sur ce spectacle que j'ai vu moi aussi à Nivillac.
Une phrase, en autre, a retenu mon attention : "À quoi bon les rêves si vous n'en faites pas réalité ?..."
Cela fait écho à une autre citation de Antoine de Saint-Exupéry : "Faites de votre vie un rêve et de votre rêve une réalité".
Mais quels rêves avons nous rêver jusqu'à présent ? Et qu’avons-nous fait de nos rêves ? A la fin du spectacle, il m'est venu cette réflexion : Ayant oublié qui nous étions, qu'avons vous fait !!! Nous sommes, chacun individuellement, l'humanité. Indivisible ! Pardon, Socrate pour ce que "nous" t'avons fait. Pardon, pour ce que nous avons continué à faire jusqu'à présent. Nous avons d'autres rêves. Faisons en une autre réalité !