dimanche 25 juillet 2010

Hommage à Bernard Giraudeau


Toi qui a toujours été marin dans l'âme,
pour qui ton récent départ n'était, une nouvelle fois, que le début d'une nouvelle aventure, je te dédie ce poème de William Blake :



"Je suis debout au bord de la plage

un voilier passe dans la brise du matin
et part vers l'océan
il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse de l'horizon.

Quelqu'un à mon côté dit : "il est parti"
parti vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout !


Son mât est toujours aussi haut
la coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue
est en moi, pas en lui.

Et juste au moment où quelqu'un près de moi dit "il est parti",
il y en d'autres qui le voyant poindre à l'horizon
et venir vers eux

s'exclament avec joie : "le voilà " ...



* Photo du voiler trouvée sur le site : http://aquacarole.artblog.fr/r11872/Bord-de-mer/2/


vendredi 23 juillet 2010

J'ai envie de rester quand je pars


J'ai envie de rester quand je pars ...

Chaque été, j'essaie d'emmener ma vie avec moi et je ne le peux pas.

Je n'ai jamais su faire une valise.

Je m'en vais en me retournant sur ce que je laisse.

[J'aime] me sentir lourde et accompagnée. Gaspiller de la place.

J'abandonne aux autres la liberté de faire bien, moi je ne sais pas faire. Il faut m'écouter.

Toujours faire confiance aux gens qui ne savent pas. Les bagages doivent être des mammas. Déborder de partout, plaire quand même, avoir des seins, des hanches, rassurer.

Je suis une fille que l'on gronde devant un coffre de voiture.

Je rentre avec du linge propre. Je sais, il faudrait n'emporter que des couleurs qui ont des choses à se dire, transvaser le shampoing doux dans un flacon qui a l'habitude de l'avion, n'avoir qu'un chandail.

Je fais ma valise comme on fait des bêtises ? Comme j'ai toujours fait ma vie : sans trop la penser.

Quand on part avec trois fois rien, on garde la même assiette et on ne change pas de couverts, et moi j'aime boire dans trois verres différents.

Je ne vois pas ce qu'il y a de fantastique à ne pas avoir ce qui va nous manquer.

Je ne suis pas certaine d'avoir envie que ma valise fasse un 36. La mienne mange. Il y a trois étés, sa fermeture a cassé. Clac. Un jour, comme ça, la tirette a lâché. Elle entrait dans la famille.

Je n'ai pas de regard pour les sacs auxquels il n'est rien arrivé. J'aime mieux ceux dont le Zip a eu des « points »...

Mon sac. Mes sacs. Je pars avec eux, je rentre avec eux.

Dans les aéroports, je les regarde. Je me les rappelle, quand ils étaient jeunes, quand ils n'étaient encore allés nulle part.

J'aurais très mal pris qu'ils ne vieillissent pas en même temps que moi. Maintenant, ils se décousent, je les laisse. Ils ont mon âge ...

J'ai envie de rester quand je pars.


Extraits (afin que ce ne soit pas trop long sur ce blog) d'un article que j'ai trouvé excellent de Constance Chaillet journaliste, critique littéraire, écrivain
( lu dans un magazine dont j'ai oublié le nom)