mercredi 3 octobre 2007

C'est à Saint Paul de Vence ..."

"André Verdet et il n'est pas le seul écrit des poèmes de vive voix de la main à la main de gaieté de coeur et parce que ça lui fait plaisir et il se promène dans ses poèmes à la recherche de ce qu'il, aime et quand il trouve ce qu'il aime il dit bonjour et il salue

oui il salue ceux qu'il rencontre quand ils en valent la peine
ou le plaisirou la joie et il salue le soleil des autres quand les autres ont un soleil

il salue le jour qui se lève ou qui se couche

il salue la porte qui s'ouvre la lumière qui s'allume le feu qui s'éteint le taureau qui s'élance dans l'arène la mer qui se démonte qui se retire qui se calme

il salue aussi la rivière qui se jette dans la mer
l'enfant qui s'éveille en riant
la couturière qui se pique au doigt et qui porte à ses
lèvres la. petite goutte de sang
le lézard qui se chauffe au soleil sur le mur qui se
lézarde lui aussi au soleil
l'homme libre qui s'enfuit qui se cache et qui se défend
l'eau qui court la nuit qui tombe les amoureux qui se
caressent dans l'ombre qui se dévorent des yeux
l'orage qui se prépare la femme qui se fait belle
l'homme pauvre qui se fait vieux et le vieillard qui
se souvient d'avoir été heureux et la fille qui se déshabille devant le
garçon qui lui plaît et dans la chambre leur désir qui brille et qui brûle comme un incendie de forêt

il n'est pas difficile André Verdet
A tous les coins de rue il rencontre les merveilles du monde et il leur dit bonjour
il dit bonjour à ceux qui aiment le monde

mais les autres il ne leur dit pas bonjour absolument pas

Les autres qui se font souffrir qui se font des idées qui se rongent les ongles des pieds en se demandant comment ils vont finir leurs jours et où ils vont passer leur soirée

les autres qui s'épient s'expliquent se justifient se légitiment
qui se frappent la poitrine qui se vident le cendrier sur la tête qui se
psychanalysent les urines qui se noient dans la cuvette qui se donnent
en exemple et qui ne se prennent pas avec des pincettes

les autres qui s'accusent qui se mettent plus bas que terre qui s'écrasent sur eux-mêmes et qui s'excusent de vivre

les autres qui simulent l'amour qui menacent la jeunesse qui pourchassent la liberté les autres à tue et à toi avec leur pauvre petit moi et qui désignent la beauté du doigt.

Jacques Prévert
(extrait du livre "Histoire")

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